Une fois de plus on parle d'une rumeur, ce qui devient une fâchante habitude mais presque inévitable en raison de l'activité florissante des réseaux sociaux. Cependant, peut-on s'étonner qu'un Ministre de l'Education Nationale, qui n'est donc pas directement concerné par la question, soit désigné comme l'instigateur de cette rumeur ? Pas tellement, car son homologue Marie-Lyse Lebranchu, Ministre de la Fonction Publique vient de faire publier une série de décrets portant justement sur une augmentation des indices et des modalités d'avancement des fonctionnaires de catégorie C et B, s'étalant sur 2014 et 2015. Alors évidemment, le Ministre de l'Education a dû voir son budget "éclater" dans les prospectives budgétaires qui lui ont été adressées et a t'il dû alors réagir !
Il faut dire que cette réforme, qui a été d'ailleurs refusée par le Conseil Supérieur de la Fonction Publique ainsi que la plupart des syndicats, est un véritable saupoudrage mettant l'accent sur les bas salaires de la fonction publique alors que l'indice majoré (qui permet de calculer le montant du salaire brut pour l'ensemble des fonctionnaires) et lui gelé depuis Juillet 2010.
On voit bien la manip qui consiste à cibler le maximum de personnes mais pour quelques euros supplémentaires, ce qui ne comble pas finalement les agents à titre individuel.
A titre collectif cependant, les lignes budgétaires consacrées à la rémunération des agents vont fortement augmenter puisqu'un trés gros pourcentage d'agents sont concernés (surtout dans la territoriale à hauteur de 90%).
Nous voyons ici encore des titres arriver prochainement sur le coût des fonctionnaires, alors qu'à titre individuel ces derniers ne pourront même pas régler leur facture de téléphone avec cette faible augmentation !
En ayant réduit également fortement les durées d'avancement dans les échelons, le gouvernement à augmenter sensiblement l'effet Glissement Vieillesse Technicite (GVT) qui prend une très grande part du coût annuel des augmentations de salaire dans la fonction publique.
L'autre conséquence est qu'en augmentant de façon aveugle et sans efforts particuliers demandés à la base, on réduit encore plus l'écart avec les personnes qui ont fait l'effort de passer les concours ou examens et qui ont accepté des responsabilités, à tel point, qu'aujourd'hui, un rédacteur qui démarre (après un concours de catégorie B) gagnera moins qu'un agent de catégorie C qui a été recruté sans concours !
Au découragement des agents ayant la volonté de progresser et acceptant des contraintes et sujétions supplémentaire,s'ajoutera le sentiment qu'un effort "suffisant" a été déjà apporté aux fonctionnaires alors que ceux-ci ont besoin d'un autre point de motivation ! Ce n'est pas cette revalorisation qui va mettre fin aux dérives managériales fortement dénoncées mais non traitées comme il le faut !
A quoi servira 16 euros par mois à un agent à qui on demande d'accepter des conditions de travail de plus en plus dégradantes?
Au lieu d'augmentations massives et pernicieuses des fonctionnaires, n'aurait-il pas mieux valu privilégier la promotion du mérite avec l'adaptation des concours et examens aux métiers riches et divers des fonctionnaires, des possibilités d'avancement de grade plutôt que d'échelon et donc l'ancienneté?
Privilégier l'ancienneté dans l'avancement des agents est une pratique désuète et contre-performante et ne correspond plus à l'attente de plus d'équité et de justice par les agents eux-mêmes.
Quand descendrons de leur tour d'ivoire les rédacteurs de ces réformes?