12024 visiteurs uniques sur le blog, et pour cet évènement, voici la conclusion du livre qui vous est délivré mais qui n'en est pas une réellement, puisqu'à l'issue de la sortie du livre, ce blog et de nombreux commentaires ont suivis afin de continuer le débat autour de ces questions managériales dans la fonction publique, toujours non résolues à ce jour, et ceci malgré de nombreuses alertes.
Telle cette image de pochette des Beatles "abbey road", ce livre ne fait que passer, témoigner dans une sorte d'indifférence contenue, mais qui a joué peut-être son rôle d'alerte, aujourd'hui ou demain...Bonne lecture !
Lorsque j’indique que l’histoire recommence, je peux naturellement m’interroger sur moi-même en me disant que je suis sans doute à l’origine de mes mésaventures professionnelles. Je partage en effet l’avis que nous sommes toujours en partie au moins à l’origine de nos malheurs, en raison des choix que nous faisons et des conséquences inhérentes à ces choix. J’ajoute que dans les problèmes relationnels, il a toujours une tierce personne qui vient semer le trouble dans les rapports existants, souvent avec une idée de progression pour elle-même ou par jalousie. Les rapports professionnels sont comme dans un couple, et donc basés sur la confiance. Toutefois, il y a une constante durant mes trente années de carrière, je n’ai jamais changé d’un iota certaines valeurs auxquelles j’accorde de l’importance. Mes valeurs sont la sincérité dans les relations, la persévérance dans l’action, la lutte contre l’injustice et les inégalités, l’entraide avec les personnes les plus faibles, le mépris du pouvoir annihilant et destructeur, le respect des valeurs des autres… Mon ascension dans ma carrière, très autodidaxique, m’a appris également la valeur de la vertu de l’apprentissage, de l’ouverture sur d’autres horizons et l’humilité. En quelque sorte, j’ai opté pour une contre dynamique de ce que représente aujourd’hui la société du pouvoir, et je n’ai jamais réussi par exemple à apprendre à désirer le poste d’un collègue ou d’envier une situation meilleure que la mienne. En plus, je cumule l’handicap d’être un fonctionnaire, et je suis sensé devoir respecter certains règles de réserves et de discrétion sur mon activité professionnelle.
Au regard du malaise social et des drames humains qui se déroulent dans les entreprises et les établissements publics dont fait le témoignage actuellement la presse, je ne pouvais continuer à me taire sur les pratiques de management que nous rencontrons également dans la fonction publique territoriale. La difficulté majeure de notre fonction est sans doute d’être fonctionnaire et de ne pas disposer d’un conseil prud’homal comme dans le privé, mais d’une lourde juridiction administrative qui a pour consigne et formation de protéger en priorité la Collectivité, y compris contre ses fonctionnaires.
L’Etat, et ses services décentralisés, sont ainsi conçus, et gouvernés comme pour la justice, par des énarques. Le fonctionnaire issu de la base qui oserait, comme je l’ai fait, d’accuser son employeur public de le malmener serait tout de même abusif, puisqu’il a la sécurité de l’emploi. De quoi en effet pourrait-il bien se plaindre ? Sa liberté doit-elle s’arrêter au devoir d’obéissance et d’asservissement ?
Dans mon cas d’Aristoloche par exemple, mes avocats comme les services juridiques restent stupéfaits de la position du juge administratif au regard des multiples preuves matérielles et témoignages fournis avec mon dépôt de plainte qu’ils ont rarement pu constater dans ce même type de dossier. Pour Anthémis, l’affaire était plus corsée puisque les textes eux-mêmes donnent raison à ce type de pratiques. Pour Polygala, nous sommes dans l’irrationnel, que même un juge ne pourra interpréter avec justesse.
Paradoxalement, ma carrière sera évolutive sur le plan des concours et des examens ainsi que sur les postes assurés dans six collectivités différentes, et pourtant, mes problèmes relationnels ne cesseront également de progresser comme si cela était le lot quotidien de l’encadrement.
On peut regretter que l’énorme investissement réalisé par la collectivité en général dans la formation des fonctionnaires, qui représente aussi un coût non négligeable de la masse salariale et donc pour le contribuable, puisse être remis en question par un employeur local, n’ayant lui-même pas a formation nécessaire pour juger les compétences de leurs collaborateurs. Il ne s’agit pas ici de dénigrer la fonction d’élus, au contraire utile à une véritable démocratie, mais de dénoncer peut-être certains abus, qui reste heureusement encore marginaux, tout au moins faut-il l’espérer.
Parfois il m’arrive de regretter mes premiers postes à Agératum, dans les mairie
s annexes où je disposais d’une autonomie totale et où je composais des poèmes, ou même encore derrière le guichet à l’état-Civil où les tâches répétitives m’astreignaient à une réflexion basique mais non surmenée.
Souvent, et c’est plus grave, il m’arrive de regretter d’être entré dans la fonction publique et le travail à l’usine où j’étais à dix sept ans, dans une ambiance plus ouverte. J’y ai cru pourtant à cette fonction publique comme une grande famille qui m’acceptait parmi les siens. J’aime faire savoir que je le fils d’un jardinier municipal mais beaucoup de collègues de base ayant mon expérience me témoignent également ne plus retrouver l’état d’esprit de solidarité qui régnait auparavant. La fonction publique a perdu son âme à l’image d’une société qui évolue dans une parfaite indifférence de l’autre.
En même temps je reconnais que ma progression m’a permis d’améliorer sensiblement mon niveau de vie et que l’ascenseur social à jouer pleinement pour moi et mon foyer.
Ainsi, telle une thérapie, cet ouvrage aura pour vertu de mettre en exergue des pratiques mais aussi de donner un espoir aux personnes qui souffrent dans leur travail. Je leur conseille vivement de prendre du recul vis-à-vis des évènements qui peuvent leur créer une déstabilisation professionnelle et leur dire que s’ils persévèrent ils trouveront une autre issue favorable pour leur bien-être en adoptant une prise de hauteur, en relativisant et en s’écartant des personnes nuisibles qui finalement vous rendent service car ils vous poussent à sortir bien souvent de votre propre condition d’existence qui n’est pas la vôtre.
En cumulant ma propre expérience et mes très nombreuses lectures d’ouvrages, je peux indiquer aujourd’hui que Guy Corneau a raison lorsqu’il affirme que le plus important pour l’être humain est de respirer et Guy Finley lorsqu’il nous enseigne le lâcher prise.
Par ailleurs, j’ai pu lire également que rien ne se fait par hasard, et que les obstacles dans la vie permettent des changements d’orientations que nous n’aurions pas osé prendre.
Il est vrai que de façon rétrospective, et avec un certain recul, en traçant ma route déjà faite, les évènements marquants dans ma vie, m’ont incité à prendre des virages à 180 degrés. Mais ne pourrais-je pas dire aussi qu’une vie sans embûches, tel un long fleuve tranquille, pourrait aussi me réserver de beaux jours ?
N’ayant qu’une seule vie, je ne pourrais jamais le vérifier, mais je retiens l’idée que le destin est en quelque sorte tracé par notre passé.